L’Académie de médecine relance le débat sur le bien-fondé de la semaine de quatre jours à l’école, appliquée en France depuis septembre 2008.
L’école est néfaste pour la santé ! Ce sont des médecins qui le disent : l’Académie de médecine vient d’adopter un rapport assassin sur le rythme scolaire des petits Français : 864 heures de classe, en 36 semaines, 144 jours, 4 jours par semaine, ce n’est pas bon pour les enfants. Il y a longtemps que les chronobiologistes le disent.
Ils l’ont répété lorsque la réforme du primaire, en septembre 2008, a eu raison du samedi, faisant de la France le seul pays européen où les enfants ne vont à l’école que quatre jours par semaine. L’Académie de médecine s’était saisie du sujet de l’aménagement du temps scolaire, qui fait régulièrement débat depuis vingt ans. La réforme ne fait que renforcer ses « recommandations » pour que l’on « mette l’enfant au centre de toute réflexion sur le temps scolaire ».
8 h 30, c’est trop tôt ! L’enfant arrive à l’école fatigué « quelle que soit la durée de son sommeil », préviennent les médecins, qui insistent sur la nécessité de se coucher à heure régulière en évitant les variations (le mardi et le week-end entre autres) et les emplois du temps de « ministre » après l’école. Sport, musique, devoirs… si les enfants, « en dehors de toute maladie », se traînent en classe, c’est qu’ils en font trop, au risque de somnoler en plein jour, développer des troubles de l’attention, voire de l’anxiété ou de l’hyperactivité. A 8 h 30 qui plus est, l’enfant n’est bon à rien : sa capacité d’attention grimpe à partir de 9 heures pour être au top entre 10 heures et 11 heures, plonge après le repas et remonte entre 15 heures et 16 heures.
Des journées à rallonge. Six heures de cours par jour, c’est trop. C’est deux heures de plus que pour un petit Finlandais ou Suédois ! Quand s’y ajoutent deux heures de soutien, c’est encore plus incohérent. En primaire, il vaudrait mieux limiter à cinq heures, avec une heure d’étude dirigée pour terminer. Ce qui effacerait la corvée des devoirs après. Au collège, l’Académie regrette que les emplois du temps (25 à 28 heures par semaine) ne tiennent jamais compte de l’âge des élèves de la 6 e à la 3e et déplore les heures de « trous », qui ajoutent à la fatigue.
Des semaines denses. La semaine de quatre jours, c’est ce qui se fait de pire, selon tous les scientifiques. Les enfants sont fatigués le lundi et le mardi. Le mieux pour eux, c’est étaler la classe sur quatre jours et demi ou cinq jours. Même l’inspection générale de l’Education nationale a relevé en septembre que la suppression du samedi matin avait accru la fatigue des élèves et des enseignants. La FCPE (principale fédération de parents d’élèves) le mettait aussi en avant au printemps dernier, incitant parents et écoles à réfléchir à des semaines plus en phase avec la santé des enfants. Depuis la réforme de 2008, 5 % des écoles seulement ont gardé le rythme de quatre jours et demi avec mercredi travaillé, qu’ils avaient déjà auparavant.
Des vacances mal réparties. Les petits Français travaillent trop, alors qu’ils sont champions des vacances. L’école se concentre sur 36 semaines, avec quatre périodes de congé. L’idéal, ce serait une année scolaire de 180 à 200 jours d’école : moins de vacances d’été et une alternance de sept semaines de cours et deux semaines de congé, évitant ainsi l’aberration actuelle de dix petits jours à la Toussaint, alors que l’automne est médicalement une période de fatigue.
Citation : CLAUDINE PROUST | 28.01.2010 – Le Parisien